Valoriser la forêt auvergnate : c’est l’ambition fondatrice du groupement forestier Nos Forêts d’Auvergne, créé le 21 décembre 2020 par Charles-Etienne Dupont, Jean-François Grodecoeur et Stéphane Foury.
« Il y a une vraie culture forestière en Auvergne », constate Charles-Etienne, gestionnaire forestier professionnel depuis 2003. « Il faut maintenir la valeur ajoutée sur le territoire ». La filière locale du bois – prélèvement, transformation – est encore présente, et la quantité comme la qualité des arbres y répond. « On a une qualité de forêt unique : pas de raison d’aller ailleurs ! » poursuit-il.
« Notre idée de départ (…) était de rechercher des petites parcelles qui passent entre les mailles du filet institutionnel. »
Stéphane Foury
Néanmoins, le morcellement des parcelles est une problématique. « On a constaté la diversité des propriétés à vendre, mais aussi une vraie demande de placements », estime Jean-François, exploitant forestier depuis 2014. Stéphane, qui préside un syndicat de propriétaires forestiers, abonde : « La forêt a été une valeur refuge après la crise de 2008, mais cela a entraîné une bulle spéculative. Notre idée de départ, avec Jean-François et Charles-Etienne, était de rechercher des petites parcelles qui passent entre les mailles du filet institutionnel. Elles sont moins intéressantes pour les grands groupements, mais plus accessibles. » La clé est ici de monter une structure capable d’agilité autant pour trouver et pour gérer ces parcelles.
Un groupement à taille humaine
Ce fut l’optique choisie par les fondateurs pour Nos Forêts d’Auvergne : une structure à taille humaine, basée sur de la cooptation, et visant une gestion raisonnée et durable, sans mettre la rentabilité financière comme seul credo. Les membres du groupement sont principalement des acteurs du monde forestier, assez divers, avec plusieurs regarde. « Des gens qui connaissent le monde de la forêt, font remonter des infos mais constituent également des garde-fous » résume Jean-François. « Et on est sûr qu’à chaque étape on disposera de compétences internes au groupement. »
« Il y a une envie de proximité pour les investisseurs, afin de rester dans la filière locale. »
Jean-François Grodecoeur
Charles-Etienne pose ainsi le principe de fonctionnement : « On met de l’argent en commun, et le groupement achète des parcelles. Chacun en possède ensuite des tantièmes. » C’est un vrai principe de pot commun, auquel on peut abonder en nature – Jean-François y a ainsi apporté 25 hectares en nom propre. Selon lui, « cette formule permet à l’investisseur d’être co-propriétaire. Pour autant, il peut venir dans chaque parcelle, il y est chez lui ! »
Pour la pérennité des forêts auvergnates
Enfin, l’angle local et écologique est capital dans la philosophie du groupement. « Il y a une envie de proximité pour les investisseurs, afin de rester dans la filière locale » précise Jean-François. « Cela apporte de l’accessibilité, mais aussi un vrai intérêt pédagogique grâce à la proximité : on peut mieux expliquer et sensibiliser quand les parcelles sont proches de son lieu de vie. »
La sensibilisation porte notamment sur l’adaptation de la forêt au changement climatique, un enjeu majeur pour Nos Forêts d’Auvergne. « Je suis très attaché à la diversité, c’est la seule réponse au changement climatique » estime Jean-François. Ainsi, le groupement s’intéresse à des parcelles dans différentes zones de l’Auvergne, et avec différentes configurations : altitudes, essences, sols … qui constituent également des terrains d’expérimentation, comme pour tester de nouvelles essences plus adaptées au manque d’eau.
« Si l’on veut assurer la préservation d’un couvert forestier, il faut un suivi fin et régulier. »
Charles-Etienne Dupont
Charles-Etienne souligne toutefois un vrai risque : « On peut penser qu’il faut laisser une forêt évoluer librement, que la nature fera toujours mieux. » prévient-il. « Certes, mais pas à notre échelle de temps. Si l’on veut assurer la préservation d’un couvert forestier, il faut un suivi fin et régulier. » L’enjeu est ici d’être réactif, de surveiller les aléas, de se rendre régulièrement sur les parcelles. Mais aussi d’assister la forêt dans sa migration et son adaptation. En tous cas, plus les parcelles du groupement seront variées, mieux il pourra aider à l’adaptation du territoire face au dérèglement environnemental.
Les fondateurs

Charles-Etienne Dupont
Titulaire d’un BTS en gestion forestière puis en gestion des Espaces Naturels Sensibles, Charles-Etienne a créé son Cabinet de gestion forestière Cagefor en 2003. Son ambition : « être l’interface entre les propriétaires forestiers et les utilisateurs du bois ». A 46 ans (2023), il est aujourd’hui adhérent Prosylva et Gestionnaire Forestier Professionnel, un statut qui lui impose neutralité et désintéressement dans son activité. Elle consiste en « une mission d’intérêt général qui souhaite valoriser la forêt et préconiser aux propriétaires des solutions pour une gestion durable. »

Jean-François Grodecoeur
Jean-François est gérant de la société Sève, société d’exploitation forestière qu’il a créée en 2014. Auparavant, il avait travaillé pendant 15 ans sur les propriétés forestières de la Caisse d’Epargne (15 000 hectares), ce qui lui a apporté une expertise dans la création de groupements forestiers locaux et la constitution de produits d’épargne. Originaire de Riom, titulaire d’un BTS en gestion forestière, il a aujourd’hui 44 ans (2023).

Stéphane Foury
Forestier de formation, Stéphane a été responsable de la zone forestière sud-ouest (5000 hectares) de Groupama jusqu’en 2011. Il rejoint ensuite le groupe Caisse d’Epargne et a mis en place des équipes de techniciens et des documents de gestion durable. Par la suite, il a déployé des filiales de groupements forestiers nationaux et a travaillé sur leurs offres auprès des investisseurs, notamment sur l’angle fiscal. Il est aujourd’hui président du syndicat des propriétaires forestiers d’Aveyron, délégué départemental au CRPF régional et membre d’une association locale sur le bois énergie.